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Le très haut débit avance en France malgré un chemin pavé d’embûches

La commercialisation des réseaux d’initiative publique ayant vocation à couvrir les campagnes reste problématique. Le gouvernement annonce plusieurs initiatives pour ­convaincre les grands opérateurs de s’y raccorder.

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Orange compte 5,5 millions de logements raccordables

Par Fabienne Schmitt

Publié le 19 mai 2016 à 18:20

Le plan très haut débit voulu par l’Etat pour déployer la fibre dans l’Hexagone avance, mais la route est encore longue. Réunie toute cette semaine à Tokyo, au Japon, dans le cadre d’un symposium organisé par l’équipementier Acome, la filière télécoms a pu mesurer l’état d’avancement de ce plan à 20 milliards d’euros financé par les opérateurs privés, les collectivités territoriales et l’Etat.

« Le Japon, c’est le pays qui compte le plus de fibre optique jusqu’à l’habitant (FTTH) : 70 % des foyers et 90 % des entreprises », a relevé Jacques de Heere, PDG de cette coopérative qui fabrique du câble en Normandie. Comme le pays du Soleil-Levant – et contrairement à l’Allemagne et au Royaume-Uni –, la France a choisi le FTTH, considéré comme la technologie la plus performante, pour son plan très haut débit.

De tous les opérateurs télécoms, c’est Orange qui est le plus avancé dans le déploiement. L’opérateur compte 5,5 millions de logements raccordables et 1,07 million de clients FTTH. Concrètement, si la fibre des grandes villes, dont les réseaux sont financés par les opérateurs télécoms, se développe bien, celle des champs, c’est-à-dire, des petites villes et des campagnes, connaît, elle, quelques accrocs.

La France est l’un des rares pays au monde qui se soucie d’installer la fibre dans ces zones les moins rentables. Ici, ce sont l’Etat et les collectivités qui s’y collent, en finançant des « réseaux d’initiative publique » ou RIP, qui ont vocation à être utilisés par tous les opérateurs télécoms pour couvrir, in fine, 43 % de la population française.

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L'emblématique cas de Deauville

Le problème, c’est qu’aujourd’hui les grands « telcos » les boudent : c’est trop compliqué de s’y raccorder, disent-ils, et en plus les RIP n’ont pas suffisamment de clients pour rentabiliser les offres. Résultat : des départements se retrouvent avec des réseaux construits, à coups de dizaines de millions d’euros, mais vides !

Le cas de Deauville, qui a dépensé 16 millions d’euros pour déployer un réseau aujourd’hui sans aucun opérateur pour commercialiser ses offres, est devenu emblématique. Car la présence des Orange, SFR et autres Free ou Bouygues Telecom est indispensable à la viabilité économique de ces RIP.

A Tokyo, Antoine Darodes, le pilote du plan très haut débit à Bercy, a annoncé deux initiatives pour convaincre les grands opérateurs. Une nouvelle grille tarifaire « de référence » va être établie avec, notamment, un tarif de raccordement flexible pour diminuer au maximum les frais d’accès et permettre l’arrivée de nouveaux entrants. Une plate-forme commune d’interopérabilité des systèmes d’information va aussi être lancée.

Obtenir le feu vert de la Commission européenne sur son plan très haut débit

« Aujourd’hui, si un opérateur veut commercialiser des prises en Seine-et-Marne et dans le Limousin, il faut qu’il se connecte à deux systèmes d’information différents. C’est un frein qui complexifie énormément et peut générer des problèmes de qualité de service. Il nous faut des règles du jeu les plus uniformes possible », plaide Antoine Darode.

Objectif : obtenir dès cet été des engagements fermes de fournisseurs d’accès Internet sur les RIP. « Je ne doute pas qu’Orange vienne sur les RIP dès qu’il aura bien couvert les zones très denses. C’est une question de temps, a affirmé Etienne Dugas, le président de la Fédération des industriels des RIP. SFR, c’est une autre histoire. Si la plate-forme d’interopérabilité est faite pour attirer Free, j’ai bien peur que cela soit un moyen pour ce dernier ou pour d’autres d’expliquer que, comme elle n’est pas prête, il ne peut pas être client. »

Pour régler l’ensemble des questions de financement public, Bercy doit aussi obtenir le feu vert de la Commission européenne sur son plan très haut débit. Il était attendu en fin d’année passée, mais Bruxelles a des doutes sur certaines aides accordées à Orange, qui pourraient être considérées comme illégales. Enfin, l’élection présidentielle qui se profile fait peser le risque d’un retard sur le plan très haut débit. Même si, jusqu’à présent, les décisions, sur ce dossier, se sont révélées apolitiques.

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