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LSK, société financière de DSK, dans la tourmente

LSK, présidé jusqu’à très récemment par Dominique Strauss-Kahn, connaît d’importantes difficultés financières. L’associé de DSK, Thierry Leyne, s’est suicidé récemment. Ils devaient monter ensemble un « hedge fund ».

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DSK et Thierry Leyne étaient en train de monter un « hedge fund » ensemble.

Par Marina Alcaraz

Publié le 28 oct. 2014 à 12:53

L’affaire LSK, pour Leyne Strauss-Kahn & Partners (LSK), un groupe financier jusqu’à tout récemment présidé par Dominique Strauss-Kahn, prend une nouvelle dimension. Après le suicide de Thierry Leyne, le directeur général de LSK, Assya Asset Management, filiale à 100 % de LSK, vient d’être placée en procédure de « sursis de paiement », selon le régulateur luxembourgeois.

Il s’agit d’une procédure distincte du redressement judiciaire et de la faillite qui s’applique lorsqu’un établissement est « ébranlé » ou en cas « d’impasse de liquidité », explique l’AFP. Elle donne une protection contre les créanciers avant que le tribunal se prononce. Le dépôt de cette requête entraîne « sursis à tout paiement de la part de cet établissement et interdiction, sous peine de nullité, de procéder à tous actes autres que conservatoires, sauf autorisation du (régulateur) », indique la CSSF (Commission de surveillance du secteur financier) dans un communiqué.

DSK avait pris du recul juste avant le suicide de Thierry Leyne

DSK pourrait avoir senti le vent tourner peu de temps avant. Ce mardi, le conseil d’administration de LSK vient, en effet, de préciser que l’ancien directeur du FMI avait renoncé à la présidence de LSK en début de semaine dernière, trois jours avant le suicide de Thierry Leyne à Tel Aviv. Il aurait « souhaité se consacrer à d’autres activités ». Par conséquent, Thierry Leyne avait été réélu président du conseil d’administration de LSK.

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Un changement tellement récent qu’il ne figure pas au Registre des Sociétés du Luxembourg, ni sur le site Internet de la société ou sur Bloomberg. Rappelons que DSK avait été nommé en septembre 2013 président du conseil d’administration d’Anatevka renommé LSK à cette occasion. Selon le site de LSK, à vendredi dernier, Parnasse International, société de DSK, détenait 20,2 % de LSK, et Thierry Leyne avait 30 %.

DSK était en train de monter un « hedge fund »

Les deux hommes étaient en train de monter un hedge fund « global macro » basé sur les prévisions de l’ancien directeur du FMI. Thierry Leyne espérait le lancer début 2015 et visait un objectif ambitieux de lever 2 milliards de dollars. La fille de DSK devait y travailler.

Mais, depuis quelque temps, les ennuis s’accumulaient sur LSK, inscrite sur le marché libre. Début octobre, la justice luxembourgeoise avait condamné en référé le groupe, sa filiale Assya et son principal actionnaire Thierry Leyne, à payer 2 millions d’euros à l’assureur Bâloise-Vie Luxembourg, qui réclamait le remboursement de titres LSK qui étaient dans son portefeuille, selon l’AFP. L’assureur reprochait à Assya Asset Management de ne pas se conformer aux politiques d’investissement établies par les mandats de gestion et de concentrer les investissements « de manière trop importante » sur les sociétés du groupe LSK et de ses sociétés satellites, créant ainsi une « surexposition non souhaitée du portefeuille ».

En fait, Bâloise aurait confié à Assya la gestion de certains portefeuilles. Mais à la suite d’investissements réalisés par Assya, Bâloise serait devenue propriétaire de titres liés au groupe LSK, notamment d’obligations de Deauville Diamond Properties, ancienne filiale de GIS (Global Equities), qui a été placée en liquidation judiciaire cet été, selon « Paperjam.lu ».

De nombreuses zones d’ombre

Les destins d’Assya et de Global Equities ont été liés, il y a quelques années. Assya avait, en effet, fusionné avec le courtier Global Equities en 2010 pour divorcer deux ans après : Thierry Leyne avait alors gardé les activités de gestion et d’assurance. Malgré cette séparation, à en croire Paperjam, des titres de Global Equities, auraient également fait partie du portefeuille de Bâloise.

Pour la petite histoire, l’article évoquant cette affaire a fait l’objet d’une bataille judiciaire, LSK ayant assigné en septembre l’éditeur de Paperjam devant le tribunal des référés pour empêcher la publication de ce papier.

De nombreuses zones d’ombre continuent de planer sur cette société basée au Luxembourg et ayant des filiales dans le monde. Les derniers comptes 2013 de LSK, qui gérait 1 milliard d’euros au printemps de clients privés en Europe, via Assya, et comptait une centaine de collaborateurs, selon un entretien de Thierry Leyne aux « Echos » au printemps, ne sont pas accessibles. Ceux de 2012 montraient une importante perte. Le « réviseur », selon le terme luxembourgeois, qui avait audité les comptes, avait émis une « opinion avec réserve » sur plusieurs points. Il avait démissionné fin 2013, selon nos informations.

Assya aurait, par ailleurs, une participation dans une toute jeune banque du Soudan du Sud, la National Credit Bank, d’après un article de RFI datant de mai 2013.

Le directeur des opérations, chargé de la gestion du nouveau fonds alternatif DSK Global Investment Fund, ne serait resté en poste que quelques mois.

Défenestré

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Il semble dès lors difficile d’isoler complètement les ennuis financiers de LSK du suicide de Thierry Leyne, qui s’est défenestré la semaine dernière d’une des plus hautes tours de Tel-Aviv. L’homme d’affaires de 49 ans, co-fondateur de plusieurs entreprises connues dans la finance (EBPF reprise par Financière de l’Echiquier dans la gestion d’actifs, Axfin, revendu à Consors dans la bourse en ligne ou encore Adomos dans l’immobilier d’investissement), avait toutefois de graves problèmes personnels. Selon « Globes », un média israélien, il aurait laissé une lettre indiquant qu’il souffrait de dépression.

De l’avis de plusieurs professionnels ayant travaillé avec lui, Thierry Leyne avait deux facettes. D’un côté, un homme abordable désireux d’aider de jeunes entrepreneurs, de l’autre, une face plus sombre. « Malgré une apparence de respectabilité, j’hésitais à faire des affaires avec lui. Il n’était pas toujours très droit », dit l’un d’entre eux.

Site fermé

Contacté à plusieurs reprises, LSK n’a pas souhaité répondre à nos questions. La personne chargée de la communication de DSK n’a pas fait, non plus, de commentaire. Le site Internet de la société a été fermé, pour ne laisser place qu’à un écran bleu.

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