Le dossier Safran Identity remonte à l'Elysée
Oberthur et Gemalto pourraient devoir renforcer leurs engagements.
Par Anne Drif
La vente de Safran Identity & Security (ex-Morpho), la filiale de Safran spécialiste des solutions de biométrie, prend une tournure politique. A une semaine du dépôt des offres de dernier tour, le groupe et l'Etat, son actionnaire de référence avec 15,3 % du capital, ont fait le choix de consolider les acteurs existants du marché. Mais ils n'ont toujours pas tranché sur le nom du repreneur.
De sources concordantes, Oberthur (contrôlé par Advent) tient la corde sur le prix, avec une valorisation de 2,4 milliards d'euros. Gemalto, le numéro un du marché, lui emboîte le pas, avec une offre autour de 2,3 milliards. Enfin, Impala, allié à KKR, est aussi prêt à signer avec une offre équivalente, si l'Etat et Safran devaient faire émerger un nouveau challenger français.
Si le prix offert est essentiel, ce n'est pas un critère suffisant. Selon ces sources, après recommandation de l'Agence des participations de l'Etat sur le choix du plus offrant, le dossier est remonté à l'Elysée, afin d'examiner les engagements sur les effectifs, la sécurité et le sérieux des offres. « L'Elysée est informé et suit le dossier », relève-t-on au sein de l'exécutif. Oberthur garantit à Safran et à son actionnaire leur intérêt patrimonial, mais, comme celle de Gemalto, son offre soulève des questions de doublons (à la différence de celle des fonds) et des interrogations sur des risques de transfert de compétences à l'étranger.
Protection des emplois
Oberthur en est conscient. Il y a une semaine, il s'est adressé au plus haut niveau des pouvoirs publics pour assurer qu'il « envisage » des créations d'emplois et entend garantir un « niveau global » d'emplois permanents en France chez Safran Identity pendant au moins deux ans. La protection des 1.600 emplois sur le territoire (sur 8.700) est d'autant plus sensible que l'Etat exige un maintien des centres de R&D en France, en raison des services sensibles de Safran Identity pour les forces de police françaises et le futur registre européen des données des passagers aériens. A ce volet s'ajoutent les risques liés aux arbitrages que pourraient exiger les autorités de la concurrence en Europe et aux Etats-Unis. Les parties prenantes se sont refusées à tout commentaire.
Anne Drif