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Pourquoi l’obésité fait plus de ravages dans certains pays

Des chercheurs se sont penchés sur les facteurs qui expliquent pourquoi certaines régions sont davantage touchées que d’autres par l’obésité.

Par Florence Renard-Gourdon

Publié le 22 juil. 2017 à 12:01

Dans le monde entier, l’obésité est devenue un fléau et le phénomène s’aggrave.

Plus de deux milliards d’adultes et d’enfants sont aujourd’hui en surpoids ou obèses. Les îles du Pacifique, le Moyen-Orient et l’Amérique sont les régions les plus touchées. En 2014, plus de 48% de la population des îles Cook était classée obèse, 34% au Qatar et 33% aux Etats-Unis , selon les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Malheureusement rien de bien nouveau. Néanmoins, certaines régions de la planète restent peu conscientes de cette crise de santé publique. Ce manque de sensibilisation doit être combattu, assure à CNN Frank Hu , professeur de nutrition et d’épidémiologie à l’Université de Harvard et ex-conseiller de Michelle Obama dans sa campagne de lutte contre l’obésité« Il faut mobiliser l’ensemble de la société pour s’attaquer au problème… qui n’est pas juste un problème médical », déclare-t-il. 

On sait qu’une mauvaise alimentation et un manque d’activité physique sont largement responsables mais d’autres facteurs doivent être pris en compte pour comprendre le phénomène et tenter de l’éradiquer, prévient Frank Hu. 

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1. L’ « inégalité d’activité » 

La revue Nature a publié cette semaine une étude qui a utilisé les données des smartphones pour analyser le nombre de pas effectués en moyenne chaque jour par 700.000 habitants de 111 pays. C’est Hong Kong qui domine le classement avec 6.880 pas quotidiens en moyenne, suivi de la Chine (6.189 pas). Tout en bas de la liste figure l’Indonésie, avec 3.513 pas quotidiens. La France compte, elle, près de 5.500 pas 

«L'activité n'est pas répartie uniformément dans un pays», a néanmoins constaté le directeur de l’étude, Scott Delp, professeur de bio ingénierie et de génie mécanique à l'Université de Stanford. C’est pourquoi, les chercheurs ont créé une autre statistique qu’ils ont appelé « inégalité d’activité ». 

Plus la différence entre les grands marcheurs et les petits est importante, plus les taux d'obésité sont élevés, fait-il observer. Cela signifie qu’il y a un sous-ensemble constitué d’une population « pauvre en activité », comme l’explique Scott Delp. 

Si l’on met l’accent sur l’ « inégalité d’activité », le classement change et l’Arabie saoudite et l’Australie s’arrogent les deux premières places. Les Etats-Unis sont quatrième. 

Autre constat des auteurs de l’étude, l’inégalité affecte de façon disproportionnées les femmes, ce qui signifie que les femmes sont davantage que les hommes dans le sous-ensemble « pauvres en activité »« Cibler ces pauvres en activité pourrait avoir un impact sur la santé publique », préconise Scott Delp. 

2. La perception de l’exercice 

Pour certaines populations, l’exercice physique n’est pas une priorité, ont également constaté les chercheurs. C’est notamment vrai au Moyen-Orient et en Chine. Au Koweït, par exemple, l’exercice physique est avant tout considéré comme un sport et non comme une activité pouvant être menée entre amis ou seul chez soi. « De même, au Moyen-Orient, les femmes participant à des exercices en plein air ou à des activités physiques pour la détente n’est pas dans la norme ». On est face à « une barrière culturelle », regrette Temp Waqanivalu, expert de l’OMS. 

3. Les priorités éducatives 

En Chine et dans certaines parties de l’Asie orientale, l’accent est d’abord mis sur les résultats scolaires au détriment de l’éducation physique. Celle-ci est d’avantage enseignée à partir de l’université, décrit Frank Hu. A l’inverse, au Japon et dans les pays scandinaves, l’exercice physique fait partie de la vie quotidienne. 

4. Les facteurs environnementaux 

L’environnement peut avoir un rôle essentiel sur l’activité. Au Moyen-Orient, par exemple, il fait généralement trop chaud pour faire des activités de plein air. C’est le cas de nombreuses autres régions en développement situées à côté de l’Equateur qui combinent les facteurs environnement à une mauvaise perception de l’exercice et à une faible prise de conscience de l’impact d’une activité physique sur la santé. 

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Les Chinois sont de leur côté freinés par la pollution, qui rend également très difficile l’exercice à l’extérieur. 

5. L’attachement à la nourriture industrielle 

Si la qualité de la nourriture varie considérablement d’une population à l’autre, elle fait néanmoins écho partout à des notions de générosité, de partage et de convivialité. 

Par exemple, dans le Pacifique, à chaque cérémonie, on apporte de la nourriture. Mais là où autrefois on offrait des poissons fraîchement pêchés et des fruits frais on trouve désormais des aliments en conserve ou transformés. 

Dans le Pacifique, où les taux d'obésité sont les plus élevés, les aliments transformés occupent une place de choix. « Les aliments en conserve ont un certain prestige », constate Temp Waqanivalu qui note cependant que les efforts du gouvernement ces dernières années commencent à porter leurs fruits. 

Des attitudes similaires ont été observées dans certaines régions d’Amérique, comme le Brésil, où les boissons gazeuses et les aliments transformés sont des signes de richesse et de succès. 

En Afrique, il y a abondance de nourriture locale dans certains endroits mais la population est très attachée aux aliments transformés, observe Temp Waqanivalu. 

Enfin, au Moyen-Orient, il a été constaté que plus la personne est aisée, plus elle consomme de grandes quantités d’aliments riches en calories. 

6. Le regard de la société 

La perception sociétale sur le surpoids et l’obésité est également essentielle pour déterminer si le fléau peut s’aggraver et être contrôlé. Frank Hu donne l’exemple de la Chine, de certaines régions d’Asie et d’Afrique, où une personne grande et robuste est un signe de richesse. « Il y a moins de stigmatisation sociale » sur l’obésité, fait-il remarquer et, dans ce contexte, l’obésité peut ne pas être considérée comme « un problème majeur »

7. Une situation paradoxale 

On est face à une situation paradoxale, constate Temp Waqanivalu : on passe notre temps à inviter les populations du monde entier, et notamment les régions en développement, à changer de mode de vie, à marcher, à privilégier les aliments sains, argue-t-il. Mais "pourquoi apportons-nous ces aliments et ensuite enseignons à la population de ne pas les manger ?, s’interroge-t-il.

FLORENCE RENARD

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