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Les EPR anglais inquiètent la Cour des comptes britannique

¤ Le National Audit Office juge les risques pour le consommateur insuffisamment pris en compte. ¤ EDF finalise une revue interne dans un contexte tendu au sein de l'équipe de projet.

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Par Véronique Le Billon

Publié le 23 juin 2017 à 01:01

Pour le National Audit Office britannique - l'équivalent de la Cour des comptes française -, le contrat signé avec EDF l'an dernier pour construire deux réacteurs nucléaires EPR à Hinkley Point C (sud-ouest de l'Angleterre) n'est pas forcément un bon « deal » pour le Royaume-Uni. Dans un rapport publié ce vendredi, le NAO estime que le ministère de l'Economie, qui a géré le dossier, « n'a pas suffisamment pris en compte les coûts et les risques de son accord pour les consommateurs ».

Pour financer les 18 milliards de livres (20,4 milliards d'euros) du projet, EDF a obtenu un prix d'achat garanti de l'électricité produite de 92,50 livres (indexé sur l'inflation) par mégawattheure pendant trente-cinq ans, soit environ trois fois le niveau des prix de marché actuels. Alors que la technologie de l'EPR reste « non éprouvée » et que la situation financière d'EDF « s'est affaiblie depuis 2013 » (date de l'accord de principe), le National Audit Office redoute, en cas de dérapage du projet, un recours au gouvernement et, in fine, au contribuable. Il estime au final que l'accord « a enfermé les consommateurs dans un projet risqué et coûteux avec des bénéfices stratégiques et économiques incertains ».

Si ces critiques ne remettent pas en question la signature de Londres, plusieurs recommandations sont émises : notamment renforcer la surveillance du projet, réfléchir à un « plan B » en cas de report de la mise en service, et rappeler aux futurs « décideurs » politiques tout l'intérêt de se conserver de la souplesse vis-à-vis des investisseurs.

Possibles dérapages

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La publication de ce rapport coïncide avec la finalisation, côté EDF, d'une revue de projet menée par sa propre direction de l'audit. Elle doit être examinée en conseil d'administration, via le comité d'audit, ces prochaines semaines. Or, selon certaines sources, les travaux menés pourraient déjà conclure à un dérapage des coûts à terminaison du projet. « Un très grand projet de cette nature fait et fera l'objet à intervalles réguliers de revues internes. Très logiquement, près de neuf mois après la FID [la décision d'investissement, NDLR] , une telle revue est en cours », indique seulement EDF Energy. Avant la signature du contrat l'an dernier, une revue interne menée par Yannick d'Escatha, conseiller du PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, avait déjà mis en garde contre le planning très serré du projet.

Coïncidence ou non, EDF a annoncé il y a dix jours le départ au 1er novembre de Vincent de Rivaz, PDG de la filiale d'EDF en Grande-Bretagne, qui a mené de bout en bout la négociation du contrat Hinkley Point. Si la durée de son mandat en Grande-Bretagne - près de seize ans - et son âge - soixante-quatre ans cet automne - peuvent justifier le choix d'un nouveau patron, le groupe n'a pas eu un mot pour son action à la tête du deuxième marché d'EDF. Ce départ intervient en outre dans un climat visiblement tendu sur le terrain, notamment entre Humphrey Cadoux-Hudson, qui dirige la filiale NNB chargée du projet, et Philippe Bordarier, nommé responsable du projet l'an dernier.

Véronique Le Billon

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