La SNCF propose une carte jeune pour voyager en TGV en illimité
+ VIDEO. La mesure vise à reconquérir cette clientèle, séduite par le covoiturage ou l’autocar. La compagnie devra prendre garde à ne pas décevoir, l’illimité étant pas nature impossible dans les transports.
Par Lionel Steinmann
La SNCF poursuit ses efforts commerciaux pour faire revenir les jeunes dans le TGV. la compagnie va présenter un forfait TGV « illimité » pour les 16-27 ans, baptisé Happy Card. Si la direction de la SNCF a refusé de confirmer les modalités annoncées par le quotidien, notamment le prix évoqué (79 euros par mois), et donne rendez-vous pour sa future conférence de presse le 25 janvier, le principe de cette initiative commerciale est acquis.
Le projet tient à cœur de Rachel Picard, la patronne de l’activité TGV, qui le peaufine depuis des années. Le lancement en janvier 2015 de 10.000 abonnements illimités sur les trains iDTGV (un segment restreint de l’offre à grande vitesse) avait fait figure de ballon d’essai.
L’entreprise publique s’apprête à passer un nouveau cap. Avec toujours le même objectif : séduire les jeunes. Sur ce public, le TGV subit en effet de plein fouet la concurrence du covoiturage, ainsi que celles des autocars longue distance. Apparues ces dernières années, ces deux alternatives sont à la fois plus souples et nettement moins chères, surtout pour les achats de dernière minute. Selon une récente étude du régulateur des transports terrestre, l’autocar a ravi sur un an 1,3 million de clients au TGV.
Opération reconquête
La SNCF a donc lancé une patiente entreprise de reconquête, qui s’est notamment traduite par le lancement de places « Pop » à prix réduits, mises en vente à quelques jours seulement du départ, ce qui constituait un virage dans la politique tarifaire du groupe. Mais les études qualitatives ont convaincu la direction que les jeunes veulent pouvoir « consommer » du train comme ils le font avec leur téléphone portable ou leur carte de cinéma : en illimité.
En s’efforçant de répondre à leurs attentes, la SNCF prend toutefois le risque d’en décevoir une partie : dans le domaine des transports, un forfait est nécessairement un « vrai-faux » illimité, car le nombre de places dans un Paris-Marseille un vendredi soir n’est par nature pas extensible à l’infini. De surcroît, la demande reste suffisamment forte aux heures de pointe pour que la SNCF trouve des voyageurs acceptant de payer le prix fort. La compagnie ne peut donc pas se permettre qu’un nombre trop important de places soit occupé par les futurs possesseurs de « Happy Cards » au risque d’y perdre trop de recettes.
Le nombre de places réservées aux détenteurs de forfaits illimités sera donc sans doute restreint aux heures de pointe. Il sera beaucoup plus simple d’accès pour les TGV circulant en pleine journée, et dont les taux de remplissage sont souvent très faibles. À quelques heures près, cela restera une bonne affaire pour les jeunes clients. Mais la SNCF devra affronter la déception de ceux qui s’imagineront pouvoir embarquer en toute liberté dans les TGV les plus demandés. Les restrictions imposées aux détenteurs de cartes iDTGV Max (ils ne peuvent pas occuper plus de 40 places par train) avaient ainsi été très mal comprise par certains clients.