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Emploi des jeunes : le marché se dégrade pour les diplômés bac + 5

Selon l'Apec, 38 % des diplômés bac + 5 ne sont pas en poste un an après la fin de leurs études.

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Par Derek Perrotte

Publié le 1 oct. 2015 à 01:01

C'est un point que l'exécutif brandit pour tenter de défendre son bilan sur le front de l'emploi : le chômage des jeunes, en léger recul ces trois derniers mois, est revenu à son niveau de la fin 2012. Mais c'est là le fruit d'un large recours aux contrats aidés. Et une enquête publiée jeudi par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), sur le devenir des jeunes diplômés bac +5 ou plus en 2014, donne un autre éclairage de la réalité, toujours très terne, du marché du premier emploi. L'enquête est d'autant plus révélatrice du climat qu'elle est centrée sur un public de diplômés d'écoles de commerce, d'ingénieurs et de masters universitaires traditionnellement courtisés par les employeurs mais non éligibles aux contrats aidés.

Une petite année après l'obtention de leur diplôme, 62 % sont en poste, mais 28 % sont encore à la recherche de leur premier emploi et 10 % en quête d'un nouveau, généralement après être arrivés au terme d'un CDD. On reste loin des taux d'insertion de 70 % ou plus connus en 2010, 2011 et avant la crise de 2008. Surtout, tous les indicateurs de tendance sont en berne. Ce taux d'emploi est en recul d'un point par rapport à celui mesuré l'an passé, et la durée moyenne de recherche d'un premier poste est passée de 2,3 à 2,7 mois en moyenne. Point le plus saillant et le plus préoccupant, l'emploi s'est fortement précarisé : parmi les jeunes diplômés en poste, seuls 50 % sont en CDI, contre 59 % l'an passé, par un jeu de vases communicants avec les CDD, dont la part a bondi de 34 à 43 %. Les autres sont en intérim ou avec un autre type de contrat, dont les parts sont stables.

Conséquence de cette dégradation du marché, les jeunes diplômés ont été moins nombreux à accéder au statut cadre (57 %, -5 points) et ont vu le salaire moyen d'embauche chuter de 28.700 euros brut l'an passé à désormais 26.500 euros par an. Les ingénieurs tirent toutefois leur épingle du jeu, avec des salaires moyens de 30.000 à 31.400 euros dans l'informatique et les sciences fondamentales et technologiques.

Le marché se tend

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Ce recul interpelle d'autant plus qu'il intervient alors que le marché global de l'emploi des cadres rebondit. Mais, comme le constate Jean-Marie Marx, directeur général de l'Apec : « Les recruteurs en entreprise privilégient toujours dans leurs recrutements des profils expérimentés, au détriment des débutants. » Parallèlement, le marché se tend car, poursuit-il, « les diplômés sortants, principalement les masters, sont aussi plus nombreux à arriver chaque année sur le marché du travail ». Ce n'est pas un effet démographique mais le fruit des impulsions gouvernementales à la poursuite d'études. Dans une note parue en juillet, la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), think tank libéral, dénonçait « une surdiplomation artificielle », dépassant les besoins réels du marché.

Dans cette rude bataille, un diplôme d'école de commerce ou d'ingénieur reste un précieux atout : les jeunes en possédant un sont 71 % à être en poste, contre 59 % et 57 % pour les titulaires d'un master universitaire ou d'un doctorat. Huit diplômés sur dix travaillent dans le privé. Comme les années précédentes, on les retrouve surtout en gestion-finance, recherche et développement et dans le commercial-marketing, qui regroupent une grosse moitié des postes occupés, devant les ressources humaines et l'informatique.

Derek Perrotte

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