Des médias s’unissent pour contrer Google
Des éditeurs anglo-saxons mettent en commun leurs espaces publicitaires.
Par Nicolas Rauline
Voilà un domaine où la France aura été précurseur. Plusieurs médias anglo-saxons viennent de se regrouper pour mettre en commun certains de leurs espaces publicitaires sur Internet, comme l’avaient fait avant eux certains éditeurs français, regroupés depuis plus de deux ans dans deux places de marché distinctes, La Place Média (« Le Figaro », TF1, « L’Equipe »...) et Audience Square(« Le Monde », M6, « Les Echos »...)
« The Guardian », CNN International, le « Financial Times », Reuters et « The Economist » ont créé une plate-forme de vente de publicités aux enchères et en temps réel (programmatique ou RTB pour Real time bidding), nommée Dubbed Pangaea (du latin « toutes les terres », Pangée étant le nom du super-continent duquel se sont détachés les continents actuels). En regroupant leurs forces, ces poids lourds espèrent bien créer un tremblement de terre dans le secteur et mieux rivaliser avec les géants de la publicité en ligne que sont Google ou Facebook.
110 millions de lecteurs
Ensemble, ces éditeurs revendiquent un total de 110 millions de lecteurs à travers le monde. Les annonceurs auront accès à ce réseau et pourront ainsi lancer des campagnes simultanément sur l’ensemble des sites de ces groupes ou cibler plus finement les lecteurs à qui ils souhaitent s’adresser. Les éditeurs partageront en effet un certain nombre de données permettant de cibler les internautes selon leur âge, leur genre, ou encore leurs goûts.
Croissance rapide
La plate-forme sera lancée en version beta en avril, en partenariat avec l’un des leaders du marché de la publicité programmatique, Rubicon Project. Dans un premier temps, les équipes commerciales des différents médias assureront elles-mêmes la gestion des offres publicitaires, mais Pangaea aura ses propres équipes, au moment du lancement officiel, plus tard dans l’année. D’autres partenaires pourraient aussi rejoindre l'alliance, des discussions étant « avancées » avec plusieurs titres, selon Business Insider.
La publicité programmatique prend une place de plus en plus importante sur le marché. En France, elle a représenté l’an dernier 24 % des investissements publicitaires « display » (bannières, vidéo) soit un total de 195 millions d’euros, en progression de 66 % sur un an. Aux Etats-Unis, le phénomène est déjà beaucoup plus développé : la publicité automatisée aurait représenté 45 % des dépenses publicitaires display l’an dernier, selon eMarketer, dépassant ainsi les 10 milliards de dollars. A terme, la majorité de la publicité en ligne pourrait passer par ce mode d’achat.