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Au siège de Danone, après sa mutation en « flex office »

Les six étages du siège rénové de Danone, découpés entre espaces de réunion ultra connectés et salons de travail cosy, cherchent la filiation avec l’atmosphère d’une maison. Méconnaissable et décoiffant. D’autant que les collaborateurs ont perdu leur bureau personnel.

Danone a instauré une multitude d’espaces collaboratifs dits « dynamiques  » qui actent la disparition du bureau personnel. A chacun de s’installer autour d’une table de salle à manger, au coin café ou dans un canapé profond pour phosphorer .
Danone a instauré une multitude d’espaces collaboratifs dits « dynamiques » qui actent la disparition du bureau personnel. A chacun de s’installer autour d’une table de salle à manger, au coin café ou dans un canapé profond pour phosphorer. (C.Bommelear)

Par Marie-Sophie Ramspacher

Publié le 21 oct. 2016 à 07:01
Danone a instauré une multitude d’espaces collaboratifs dits « dynamiques  » qui actent la disparition du bureau personnel. A chacun de s’installer autour d’une table de salle à manger, au coin café ou dans un canapé profond pour phosphorer .

Danone a instauré une multitude d’espaces collaboratifs dits « dynamiques  » qui actent la disparition du bureau personnel. A chacun de s’installer autour d’une table de salle à manger, au coin café ou dans un canapé profond pour phosphorer .C.Bommelear

Difficile de se croire au siège mondial de l’un des géants du CAC 40. Mobiliers colorés et dépareillés, d’inspiration vintage, amérindienne ou africaine selon les étages, canapés vifs, alcôves profondes, moquettes feutrées, les salariés de Danone travaillent autour de tables basses ou hautes qui reproduisent l’atmosphère d’un salon ou d’une salle à manger. Entre ces espaces chatoyants s’intercalent des blocs de salles de réunions, équipées de la Rolls de la visioconférence et d’écrans tactiles dernier cri pour préempter son créneau horaire. Mais où sont les bureaux ?

Derrière une porte opaque se cache, à chaque étage, un mini open space abritant une dizaine de bureaux pourvus de placards, un type de rangement devenu rare sur le site. « Pour répondre aux besoins des équipes comp & ben, juridiques et finances, qui ont besoin de travailler ensemble dans un lieu identifié, nous avons créé des espaces dits "résidentiel" appelés villages », explique Marc Benoît, directeur général des ressources humaines du groupe. Dans ces lieux à l’abri des regards, le principe du « flex office » est également appliqué : nul n’a de bureau attitré, tous se partagent les tables au gré des absences des uns et des autres. Seules les 200 assistantes – un tiers des équipes – ont le pouvoir de choisir un bureau fixe « mais dans la pratique elles se mettent au diapason de leurs équipes et s’installent à leurs côtés », constate le DRH.

40 % de bureaux en moins

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A côté de ces « villages » de sédentaires, Danone a instauré une multitude d’espaces collaboratifs dits « dynamiques », qui actent la disparition du bureau personnel. « Jusqu’ici prisonniers de leur étage d’affectation, les salariés passaient peu de l’un à l’autre. Le projet d’Archimage (une agence conceptrice d’espaces de travail, NDLR) a permis de fluidifier et de forcer les échanges », précise Marc Benoît. Les 650 salariés s’installent désormais selon leur planning d’activité dans les coins salon, cuisine ou salle à manger, s’isolent dans les fauteuils alcôves, voire dans les salles de silence, propices à la réflexion et à l’écriture. « Notre brief de départ était simple : travailler différemment. Partant du postulat que seuls six bureaux sur dix étaient occupés en moyenne tandis que les salles de réunion faisaient cruellement défaut, nous avons réduit le nombre de bureaux de 40 % et augmenté d’autant les espaces clos », détaille le DRH.

Pari gagné : les espaces de réunion ne désemplissent pas. Toutes les heures, des groupes de salariés, ordinateur connecté et bloc-notes empilés sur l’écran, migrent d’une pièce à l’autre selon leurs besoins (petits, moyens ou grands comités, visioconférence, séance de créativité, etc.) car les espaces confinés ne peuvent se monopoliser plus de quatre heures. Durée des meetings conseillée : entre une et deux heures. Interdit de réserver une salle à la journée pour récréer son bureau disparu...

Une perte de repères

En proposant un décor très éloigné du «  desk sharing », popularisé par Accenture et Bouygues Immobilier, et en cherchant ouvertement la filiation avec l’univers de la maison, Danone innove et va au-delà des projets jumeaux de ses contemporains. Officiellement, les réserves initiales des collaborateurs, « qui craignaient d’errer dans les couloirs à la recherche d’un bureau » ont disparu. « Une importante pédagogie a été menée autour des nouvelles règles et des nouveaux usages, comme par exemple penser à libérer un espace dynamique de ses effets personnels (cartable, cahier, écharpe, etc.) avant de partir en réunion  », insiste Marc Benoît.

Les experts du sujet sont plus circonspects sur ces organisations qui plaident contre les signes statutaires et les repères spatio-temporels. « La disparition de la territorialité du bureau qui se traduit notamment par celle des effets personnels (photos, pots de crayons, papiers) pose la question du soutien social », soulève Aymeric Lambey, anthropologue et fondateur de Longwy Consulting. « En cessant de soutenir la démarche d’appropriation du lieu de travail, le risque est de perdre le lien à l’entreprise et la notion d’appartenance à une équipe », alerte pour sa part Bernard Salengro, président du syndicat CFE-CGC santé au travail.

Des salariés poussés hors les murs ?

D’autant que Danone ne badine pas avec les règles. Toute table abandonnée plus de quinze minutes doit être rangée et libérée pour d’autres, les affaires personnelles évacuées dans les caissons prévus à cet effet. Pour préserver le décor de travail, il est également interdit de grignoter ou de prendre un verre sur les multiples tables. Des coins cafés et une splendide terrasses en teck étant réservés au brunch et au goûter... La question brûle les lèvres : les salariés sont-ils poussés hors les murs ?«  Plus on libère, meilleure est la productivité et l’engagement. La preuve, c’est qu’avec le télétravail, on obtient 30 % de productivité en plus.», répond le DRH.

Quel que soit le budget de l’opération de rénovation, que Danone n’a pas souhaité divulguer, celui-ci devrait être amorti rapidement. La politique du zéro papier et du stockage numérique alliées au déploiement des bureaux partagés, devrait dégager « de substantielles économies  ».

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