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Critique

Sofia Coppola : féministe ou formaliste ?

Par Olivier De Bruyn

Publié le 23 août 2017 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

En 1999, Sofia Coppola, la fille de Francis Ford, se faisait un prénom avec « Virgin Suicides », son remarquable premier film. Dans cette histoire de jeunes filles, inspirée par le roman du même titre de Jeffrey Eugenides, la cinéaste néophyte mettait en scène les pulsions suicidaires de cinq soeurs élevées dans la bourgeoisie de Détroit. Dix-huit ans plus tard, après avoir signé quelques pépites - en premier lieu « Lost in Translation » - et d'autres films moins convaincants, où elle s'abîmait dans la pose auteuriste et « branchée » (« Marie-Antoinette »), la cinéaste revient sur les traces de son passé avec « Les Proies », un libre remake du film de Don Siegel, incarné en son temps (1971) par Clint Eastwood.

Ambivalence et esthétisme

Dans sa nouvelle fiction, Sofia Coppola radiographie une nouvelle fois une communauté de femmes aux prises avec ses désirs et ses peurs. Pendant la guerre de Sécession, quelque part dans le Sud profond. Une poignée d'héroïnes cohabitant depuis de longs mois dans un pensionnat de jeunes filles hébergent un soldat blessé du camp adverse. A leur tête, Miss Martha (Nicole Kidman), qui veille à ce que ses ouailles respectent les préceptes religieux et les convenances morales de l'époque. L'apparition du Caporal McBurney (Colin Farrell) ne tarde pas à bouleverser la communauté féminine, d'abord émoustillée par la présence du mâle séduisant, puis effrayée quand le « brave » soldat affiche un profil beaucoup moins aimable. Un groupe de femmes face à une incarnation ambivalente de la masculinité : Sofia Coppola, fidèle à elle-même et à ses ambitions féministes, traite son sujet passionnant avec une élégance formelle incontestable et tous les plans du film, baignés dans une atmosphère vaporeuse et une somptueuse lumière en clair-obscur, invitent à l'admiration (« Les Proies » ont été honorées par le prix de la mise en scène lors du dernier Festival de Cannes). Problème : la stylisation extrême de la fiction semble annihiler ses enjeux dramatiques. Et la sensualité fiévreuse censée baliser la première partie du récit comme l'effroi censé hanter la seconde peinent à s'incarner sur l'écran. Résultat : un film séduisant, mais frustrant, dont la délicatesse esthétique rime plus d'une fois avec pur exercice de style.

O. D. B.

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