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Présidence d'Eiffage : le retour de Jean-François Roverato

Il va assurer l'intérim à la tête du n° 3 français de BTP jusqu'à la fin février 2016, date à laquelle sera désigné le nouveau PDG. Le nom de l'ex-PDG, qui a consacré 37 ans à l'aventure Eiffage, rime avec indépendance et actionnariat salarié.

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Jean-François Roverato va présider Eiffage, le n° 3 français du BTP, jusqu'à fin février 2016, date à laquelle sera désigné le nouveau PDG

Par Jean-Michel Gradt

Publié le 26 oct. 2015 à 12:21

Le décès brutal de Pierre Berger, survenu vendredi, a plongé Eiffage dans l'incertitude, sa succession n'ayant pas été préparée. "Face à cette disparition brutale et imprévisible, et sur proposition du comité des nominations et rémunérations réuni ce jour, le conseil d'administration a pris à l'unanimité les décisions [annoncées lundi] à effet immédiat afin d'organiser sereinement la transition et poursuivre les initiatives engagées par Pierre Berger", souligne le groupe dans un communiqué. Pour assurer l'intérim, le conseil d'administraton a fait appel à Jean-François Roverato. Avec à ses côtés Max Roche, jusqu'ici directeur général adjoint de l'entreprise nommé directeur général, il va tenir la barre du troisième groupe français de BTP et de concessions jusqu'à la fin février 2016, date à laquelle sera désigné le nouveau PDG.

Qui en effet connaît mieux que lui l'entreprise ? Agé aujourdhui de 71 ans, le bâtisseur historique d'Eiffage était lui-même allé débaucher Pierre Berger chez son concurrent Vinci en 2010, avant de lui céder les rênes de l'entreprise en 2012 (voir l'encadré ci-dessous), ne conservant que les fonctions de vice-président du conseil d'administration et d'administrateur référent.

Si le nom de Pierre Berger restera associé à l'internationalisation - Eiffage modernise notamment le port de Lomé (Togo), ou encore l'écluse d'Anvers (Belgique) - et au redressement financier du groupe dont la valorisation boursière a plus que doublé sous se présidence pour atteindre 5,4 milliards d'euros; celui de Jean-François Roverato, qui a consacré 37 ans à l'aventure Eiffage, rime avec indépendance et actionnariat salarié.

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Indépendance et actionnariat salarié

"Je suis le premier dans ma famille à ne pas être capable de gagner ma vie avec mes mains", confiait en 2012, dans un entretien au "Moniteur du BTP", ce fils d'émigrés italiens, brillant polytechnicien issu d'un milieu modeste. C'est en 1975, à 31 ans, qu'il rejoint le société Fougerolle, l'ancêtre d'Eiffage. Directeur général à peine dix ans plus tard, puis PDG, il marque les esprits en organisant en 1989 le plus grand rachat d'entreprise par les salariés (RES) de France. Une initiative suivie par 72% des salariés et qui, en pleine période concentration dans le BTP, permet à l'entreprise d'échapper à la Générale des Eaux.

Nouvelle confrontation avec Guy Dejouany, patron charismatique de la Générale, à qui Jean François Roverato ravit en 1992 la Société auxiliaire d'entreprises (SEA). L'année suivante, Fougerolle absorbe SAE, donnant naissance à Eiffage.

Indépendance encore lorsqu'en 2006, il appelle de nouveau les salariés à la rescousse pour contrecarrer l'OPA hostile de l'espagnol Sacyr Valhermoso. "Si cela avait été le cas, Eiffage aurait disparu, vendu à la découpe. Bouygues et Vinci auraient repris les morceaux qui les intéressaient," a-t-il analysé.

Le virage stratégique des concessions

En près de quatre décennies de présidence Roverato, ce qui n'était à l'origine qu'une mosaïque de PME du bâtiment, a progressivement évolué vers un groupe de BTP polyvalent. Au détour de l'an 2000, il a su négocier le virage ô combien stratégique des concessions et des partenariats public privé (PPP).

Cela qu'il s'agisse de bâtiment : le Grand Stade Pierre-Mauroy à Lille achevé en 2012 ou le Pôle de recherche et d’enseignement supérieur de l'Université de Grenoble, en juin dernier. Mais aussi des travaux publics aussi, à cet égard, le viaduc de Millau (2002) reste sa " plus belle aventure" en matière d'ouvrages d'art. Autre corde à son arc, les travaux ferroviaires. Eiffage, qui a livré en 2009 la ligne à grande vitesse (LGV) Perpignan-Figueras, a été retenu en 2011 pour réaliser, toujours en PPP, la LGV Bretagne-Pays de la Loire.

Last but not least, les autoroutes. C'est grâce à Jean-François Roverato qu'Eiffage a pu participer, au même titre que Vinci et de Bouygues, à la privatisation des sociétés publiques d'autoroutes. Résultat : lors de la deuxième vague de privatisation fin 2005, Eiffage, associé au fond d'investissement canadien Macquarie Infrastructures, a pris le contrôle des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône. Le groupe APRR, filiale d'Eiffarie (consortium associant Eiffage [majoritaire] et Macquarie), exploite aujourd'hui près de 2.300 km d'autoroutes, ce qui fait de lui le quatrième groupe autoroutier en Europe.

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