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L’Argentine s’enfonce dans la crise économique

Le pays se débat pour limiter les conséquences du défaut de paiement partiel.

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Un mois après le défaut partiel de paiement de l’Argentine, la présidente Cristina Kirchner tente d’en limiter les conséquences.
Publié le 2 sept. 2014 à 18:31

« T’es un vautour ! » et « tu fais le jeu des vautours » sont les nouvelles insultes en vogue, à Buenos Aires. Le gouvernement de Cristina Kirchner les a fait siennes. Un mois après le défaut de paiement partiel, la présidente péroniste poursuit tous azimuts sa frondits « vautours ». L’Argentine va demander à l’Assemblée générale de l’ONU de rédiger une convention afin d’obliger les fonds minoritaires réfractaires à accepter les restructurations de dette souveraine si une majorité de créanciers les approuvent. Le Congrès argentin va aussi voter un projet de loi qui propose aux créanciers ordinaires de convertir leurs titres en droit argentin, au lieu d’un droit étranger, afin de contourner la justice américaine, qui oblige Buenos Aires à payer les « vautours ». A quatorze de contre les fonds spéculatifs mois de l’élection présidentielle, le credo « la patrie ou les vautours » a dopé la popularité de Cristina Kirchner.

Mais l’effet politique risque d’être de courte durée, tant la situation se dégrade rapidement sur le plan économique et social. Jeudi dernier, une grève générale décrétée par plusieurs syndicats a paralysé l’activité du pays. Ils réclament une loi contre les licenciements et la réouverture des négociations paritaires, bouclées en mars dernier, en raison d’une inflation qui s’emballe (entre 35 % et 40 %).

La récession s’aggrave. La consommation se contracte et oblige de nombreux magasins et restaurants à baisser le rideau. Affectées par la surévaluation du peso officiel face au dollar (un dollar pour 8,4 pesos), les exportations ont chuté de 10 % sur les sept premiers mois de l’année. La bonne récolte aux Etats-Unis a fait baisser les prix du soja et du maïs, ce qui pénalise l’Etat argentin, qui taxe les exportations. Le chômage augmente, avec une perte de près de 500.000 emplois au premier semestre. Le déficit atteint 5 % du PIB. Face à la chute de l’investissement privé, le gouvernement augmente sans scrupule la dépense publique (+ 50 % au premier semestre). « Comme il la finance par émission monétaire, cela aggrave le cercle vicieux entre dépense, inflation et retard du taux de change », note Nadin Argañaraz, président de l’Institut argentin d’analyse fiscale. Selon un opérateur du port de Buenos Aires, la banque centrale argentine va discrètement faire venir en septembre sept conteneurs de billets de 100 pesos imprimés au Brésil, contre un seul ces derniers mois.

Sur le marché noir, les Argentins soucieux d’économiser sans perdre de pouvoir d’achat ont troqué le « dollar Messi » pour le « dollar Mascherano » : le billet vert ne vaut plus 10 mais 14 pesos, comme les numéros respectivement portés par les deux joueurs de football. La brèche entre les dollars parallèle et officiel atteint 70 %, ce qui rend très probable une nouvelle dévaluation du peso argentin d’ici à la fin de l’année.

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Les effets du défaut se font déjà sentir sur les finances publiques. La société pétrolière nationalisée YPF, ex-filiale de l’espagnol Repsol, peine à trouver des financements pour explorer l’énorme gisement de gaz de schiste de Vaca Muerta, en Patagonie. Par crainte de l’embargo réclamé par les fonds vautours, la Chine se montre réticente à débloquer des prêts de plusieurs milliards de dollars accordés à la municipalité de Buenos Aires pour acquérir de nouveaux métros, à la banque centrale argentine pour protéger ses réserves et à l’Etat pour la construction de barrages, d’une centrale nucléaire et d’un train de fret. Le ministre de l’Economie, Axel Kicillof, est à Pékin cette semaine afin de convaincre les fonctionnaires chinois de poursuivre leur soutien, malgré le défaut.

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