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Interview

Dominic Rossi : « Les marchés vont apprendre à vivre avec la Grèce »

Dominic Rossi (Responsable de l'investissement actions monde de Fidelity Worldwide Investment)

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Par Pierrick Fay

Publié le 2 juil. 2015 à 01:01

Comment voyez-vous le second semestre boursier ?
Les douze prochains mois vont être fascinants en raison de la lutte acharnée qui va se jouer entre, d'un côté, la hausse des taux d'intérêt et, de l'autre, la montée des anticipations de bénéfices des entreprises. Cette lutte illustre le fait que les marchés actions sont toujours en milieu de cycle. Et je pense qu'ils vont arriver à gérer la hausse des taux assez facilement. Janet Yellen, la présidente de la Fed, a prévenu à plusieurs reprises à quel point celle-ci sera modeste. Et ce sera certainement le cas. Les investisseurs seront donc détendus sur ce sujet et pourront se concentrer sur les résultats des entreprises. Tout accès de faiblesse sur les actions, lorsque les taux américains remonteront, sera donc relativement modeste. Selon moi, les indices actions seront à un niveau plus élevé à la fin de l'année qu'ils ne le sont actuellement.

Quelles sont les régions qui en profiteront ?
Je pense qu'il va y avoir un basculement des marchés actions européens vers les actions américaines, qui vont retrouver leur leadership. Au premier semestre, les actions européennes et japonaises se sont mieux comportées que Wall Street, grâce à la faiblesse de leur monnaie (euro et yen) en début d'année. Mais les investisseurs vont maintenant se focaliser sur les résultats des entreprises au profit des indices de Wall Street. Au premier semestre, les sociétés américaines ont pâti de la remontée du dollar et de la chute des prix du pétrole, qui a pénalisé les résultats du secteur énergétique. Les résultats des groupes pétroliers ont chuté de 60 %. Mais aucun de ces facteurs ne va se répéter au second semestre. Les perspectives bénéficiaires de Wall Street sont très bonnes pour 2015 et 2016.

Vous ne craignez pas une surévaluation de Wall Street ?
Non et je suis assez à l'aise avec cette opinion. Je pense même que Wall Street va devenir surévaluée, mais que ce n'est pas encore le cas. Un fait d'abord : le marché américain, et en particulier le S & P 500, est parvenu à augmenter les dividendes d'au moins 10 % pour le 16e trimestre d'affilée. Dans un monde de taux d'intérêt très bas, il est rare d'avoir une classe d'actifs dont le rendement augmente autant chaque année. Cela va continuer pour deux raisons. D'abord, les dividendes vont croître parce que les résultats des entreprises vont croître encore à l'avenir. Je sais que ce n'est pas un très bon argument, mais si vous regarder le rendement des capitaux propres, qui est, en théorie économique, le taux de croissance soutenable d'une entreprise, il est toujours autour de 15 %-16 % aux Etats-Unis. Augmenter le dividende d'au moins 10 % est du domaine du possible, même si la croissance des bénéfices ralentit. Ensuite, les entreprises du S & P 500 ont versé un dividende moyen de 40 dollars par action à la fin 2014. De façon conservatrice, je pense qu'il peut atteindre 48 dollars par action à la fin 2016, soit un rendement du marché de l'ordre de 2 %. Et il n'est pas illusoire de penser que le dividende moyen sera de 60 dollars à la fin de la décennie, ce qui impliquerait que l'indice S & P 500 atteigne les 3.000 points en 2019. C'est plausible. Je pense que le principal danger pour les investisseurs est de sortir trop vite du marché, surtout qu'on peut se demander ce qu'ils peuvent faire d'autre aujourd'hui avec leur argent.

Il y a tout de même une montée des risques : la Grèce, la Chine, le Moyen-Orient...
Oui, il y a des risques, mais c'est avant tout une question de probabilité que ces risques surviennent. Le premier risque, c'est la Grèce. Je pense que nous avons eu assez de temps pour nous y préparer. Mais même si on parvient à un accord de dernière minute cette semaine, on ne va pas mettre longtemps à réaliser que rien n'a été résolu concernant la dette grecque. Et la question reviendra très vite sur la table. Donc la Grèce va rester un sujet pendant un temps très long. Les marchés actions vont apprendre à vivre avec. Le deuxième risque est sur la croissance chinoise, qui va irrémédiablement ralentir dans les prochains trimestres, et il faut se résigner au fait que celle-ci sera à terme de 6 %, ou moins. Mais je ne vois pas cela comme un facteur de stress ou de peur pour les marchés financiers. Il y a un risque politique, mais c'est un risque gérable pour les gérants de fonds, même si la valorisation du risque politique est l'une des choses les plus difficiles à faire parce que cela représente souvent un faible niveau de probabilité avec un impact potentiel très important. Ce risque existe, on garde un oeil sur ce qui se passe, mais nous n'en tenons pas encore compte dans notre gestion.

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