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Interview

Eric Denoyer, DG de Numericable-SFR : « Nous prendrons des engagements sur l’emploi et l’investissement »

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Le directeur général de Numericable-SFR, Eric Denoyer.

Par Alexandre Counis, Romain Gueugneau, Fabienne Schmitt

Publié le 22 juin 2015 à 20:03

Que répondre à Emmanuel Macron, qui voit votre projet comme une « opération opportuniste » ?

C’est au contraire un projet industriel, au bénéfice de l’investissement et des consommateurs. Par la réunion de nos deux réseaux, il va nous permettre de donner un coup d’accélérateur aux investissements dans le très haut débit fixe et mobile sur tout le territoire. Dans le très haut débit fixe, les deux groupes sont d’autant plus complémentaires que Bouygues Telecom est peu présent. Dans le mobile, il y avait déjà des projets en cours avec notre accord de mutualisation.

La fusion Numericable-SFR a pesé sur les investissements, qui ont baissé de 300 millions en 2014...

C’était avant que nous prenions les commandes de SFR, le rapprochement ayant été autorisé fin novembre. Depuis, nous avons repris et accéléré les investissements : ils ont augmenté de plus de 20 % au premier trimestre par rapport à la même période de l’an dernier. Nous avons en effet tout de suite dégagé des synergies dont nous avons réinvesti une partie dans les infrastructures. Investir est au cœur de notre « business model ». Nous ferons donc évidemment la même chose si nous rachetons Bouygues Telecom. Notre objectif est de délivrer le meilleur service et le meilleur débit aux consommateurs. Pour cela, nous devons investir. D’ores et déjà, nous prenons l’engagement de porter notre effort de déploiement dans la fibre à 20 millions de prises d’ici à 2020, contre 15 millions annoncés jusqu’à présent (12 millions en 2017). Soit 5 millions de prises supplémentaires en FTTH (fibre jusqu’à la maison) dans des zones moins denses. Cela permettra de mobiliser moins d’argent public pour atteindre l’objectif gouvernemental d’une couverture complète du territoire d’ici à 2022.

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Serez-vous candidat au processus de vente des fréquences de la bande 700 dans les mêmes conditions si le deal se fait ou pas ?

Nous l’avons dit, nous allons évidemment acquérir des fréquences de la bande 700.

L’exemple autrichien a montré que le passage de quatre à trois opérateurs s’accompagne parfois d’une hausse des prix...

Nous ne constatons absolument pas cette même évolution en Allemagne ou au Royaume-Uni. Si nous nous rapprochons de Bouygues Telecom, il restera encore trois opérateurs en France, dont un – Free – a montré qu’il savait animer la concurrence et faire baisser les prix. Un rapprochement avec Bouygues Telecom permettrait par ailleurs de diffuser de manière plus large des services déjà accessibles aux abonnés au très haut débit et de leur en proposer de nouveaux. Il se ferait donc dans l’intérêt du consommateur et du pays. Cela renforcerait tous les opérateurs français existants en recréant de la valeur pour eux en tant que distributeurs de contenus, évitant ainsi que les géants du Net américains n’accaparent toute la chaîne de valeur et nous imposent les leurs. Avec cette opération, nous pourrons dire : au lieu d’enrichir les géants californiens, payez votre opérateur télécoms, pour avoir un service moins cher et de meilleure qualité.

Prendrez-vous des engagements sur l’emploi ?

Oui. Nous l’avons déjà fait pour la fusion Numericable-SFR. Nous les avons intégralement respectés. Nous les avons transcrits dans des accords collectifs et avons signé en juin un accord d’accompagnement avec les organisations syndicales majoritaires. Si nous nous rapprochons de Bouygues Telecom, la méthode sera identique.

Peut-on acheter un opérateur sans l’aval du gouvernement ?

Les télécoms sont au cœur de la vie des gens. A ce titre, la puissance publique est évidemment concernée. Le régulateur comme le gouvernement ont leur mot à dire pour que l’opération soit équilibrée et dans l’intérêt du consommateur. Nous avons entendu les 5 conditions posées par le Premier ministre. Notre projet les respecte : poursuivre l’investissement, accélérer l’innovation, continuer d’améliorer la qualité de service, préserver l’emploi et acheter les fréquences 700. Patrick Drahi rencontrera le ministre de l’Economie ce soir afin de poursuivre le dialogue. Quant à l’Autorité de la concurrence, elle prendra en considération tout le contexte économique et réglementaire.

Il y a un an, une bataille opposait Numericable à Bouygues pour racheter SFR et aujourd’hui tout le monde se taperait dans la main ?

Nous sommes tous des industriels. Et quand les projets ont du sens, qu’ils sont bons pour l’investissement en France et les consommateurs, il est normal que nous en discutions.

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