Free jette l’éponge aux Etats-Unis
Deutsche Telekom a refusé la nouvelle offre d’Iliad pour le rachat de T-Mobile US. Le titre Iliad grimpe en Bourse.
Par Romain Gueugneau
Xavier Niel abandonne ses rêves de conquête de l’Ouest. Iliad a annoncé lundi mettre fin à son projet d’acquisition de T-Mobile US, la filiale de Deutsche Telekom. La décision a été prise après le refus de l’opérateur télécoms allemand de donner suite à la nouvelle offre du groupe français.
La maison-mère de Free avait pourtant amélioré son offre, après avoir été éconduite une première fois au mois d'août. Celle-ci prévoyait un rachat de l’intégralité de la participation de Deutsche Telekom dans le capital de T-Mobile US, soit 67 % des actions. Le prix proposé était le même que celui de la première offre, présenté fin juillet : 33 dollars par action. Au total, Iliad était donc prêt à mettre, avec ses partenaires, 18 milliards de dollars sur la table pour s’offrir le numéro quatre américain des télécoms et entrer sur un marché aux marges juteuses.
Pour y parvenir, le groupe de Xavier Niel avait réussi à convaincre deux grands fonds d’investissement américains, dont KKR, de le suivre : selon nos informations, ceux-ci avaient décidé d’apporter 2,5 milliards de dollars. Plusieurs grandes banques internationales étaient également prêtes à suivre Iliad, dont BNP Paribas et HSBC. Le deal avait été finalisé en début de semaine dernière. Et les discussions avec Deutsche Telekom pour débattre de cette nouvelle offre avaient repris jeudi dernier. Après quelques jours de réflexion, c’est finalement lundi en fin d’après-midi que le couperet est tombé chez T-Mobile et sa maison-mère.
Pas de troisième offre
Le prix aura certainement eu raison du dossier de Free. Depuis la réception de la première offre du Français, Deutsche Telekom a toujours fait savoir que, outre le fait qu’il souhaitait céder le plus de titres possibles, il n’était pas prêt à céder son actif américain à moins de 35 dollars par action.
Vexé, l’opérateur télécoms français a donc décidé de jeter l’éponge, ne prenant pas la peine de travailler à une troisième offre. Ses dirigeants avaient régulièrement laissé entendre qu’ils ne s’acharneraient pas durant des mois à convaincre Deutsche Telekom de leur vendre sa filiale américaine. « Iliad avait l’ambition d’accélérer la transformation de T-Mobile US avec notamment la réalisation de plus de 2 milliards de dollars d’économies de coûts annuelles. Cette transaction aurait été fortement créatrice de valeur pour les actionnaires d’Iliad et de T-Mobile US », a amèrement regretté le groupe français dans un communiqué publié hier soir.
Deutsche Telekom va donc attendre encore quelques mois avant d’éventuellement trouver un repreneur pour T-Mobile US. L’autorité de la concurrence américaine ayant donné son veto à un rachat par Sprint, l’affaire s’annonce compliquée. A moins que l’opérateur satellitaire Dish ne se mette sur les rangs. Quant à Xavier Niel, il va pouvoir se reconcentrer sur ses affaires françaises. Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour ses concurrents.
La Bourse, en tout cas, accueillait la décision de Free avec enthousiasme : le titre Iliad a ouvert en hausse de 13,99 % à Paris, et gagnait toujours près de 12 % à 10 heures.