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Ce que montrent les turbulences du bitcoin

•Après son brutal trou d'air lundi, le cours du bitcoin s'est stabilisé autour de 500 dollars.•Cet épisode jette une lumière crue sur les vulnérabilités et risques de la plus célèbre des devises électroniques.

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Par Nessim Aït-Kacimi

Publié le 20 août 2014 à 01:01

Depuis le printemps, le bitcoin stagne autour de 500 dollars. Pourtant, derrière ce calme apparent, la monnaie électronique connaît des mouvements erratiques qui ont culminé lundi dans son « flash crash », une chute aussi rapide que violente. Ces turbulences contrastent avec la santé florissante et le fort dynamisme de toute l'industrie du bitcoin.

La valeur du bitcoin est-elle rationnelle ?

Bien qu'en repli, la spéculation représente encore plus de 70 % de l'activité sur le bitcoin devant les transactions pour acheter des biens ou services. Elle s'alimente de bruits, rumeurs mais aussi de la difficulté à assigner une valeur fondamentale à cette devise - cours plancher -, qui peut être son coût de production (« minage »), évalué entre 5 et 20 dollars par bitcoin. En outre, sa corrélation aux autres classes d'actifs (Bourse, or...) et monnaies (dollar) n'est pas très stable au cours du temps. C'est le signe d'une devise encore jeune, au confluent de plusieurs influences (conjoncture, technologie, régulation...). Sa volatilité hors normes témoigne qu'elle n'a pas encore livré tous ses secrets. Une dizaine de « hedge funds » (Pantera Capital, Gabi, Bitcoins Reserves, Binary Financial, Coin Capital Partners...) s'efforcent pourtant de les percer à jour. Ils interviennent sur les principales plates-formes (Bitstamp, Coinbase, BTC-e...) pour tirer parti des écarts de cours et autres anomalies de prix. Cette activité d'arbitrage classique sur les marchés est bénéfique si les fonds ne franchissent pas la ligne blanche de la manipulation et de la spéculation. Ce qui est sujet à caution dans ce marché non réglementé.

Qu'est-ce qui fait courir les acheteurs de bitcoins ?

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La devise a longtemps bénéficié de deux cercles vertueux qui se sont renforcés. Plus le bitcoin est devenu populaire, plus il a été commenté et débattu sur les réseaux sociaux et la blogosphère. Un intérêt qui s'est traduit par de nouveaux achats de bitcoins, qui ont fait grimper son cours et ont donc suscité encore davantage d'intérêt. Deuxième effet positif, plus le réseau des utilisateurs de bitcoins s'agrandit et plus la valeur de la devise augmente car son offre est limitée conformément à son statut de monnaie anti-inflationniste. « Ces deux phénomènes se conjuguent et expliquent les phases d'envolée ininterrompue du bitcoin, de mi-2010 à juin 2011 et du début de 2012 au printemps 2013. Les krachs du bitcoin ont été produits par des événements extérieurs (faillite de MtGox, Chine...) », soulignent les chercheurs. Aujourd'hui, les pics de recherche du mot bitcoin sur Google précèdent les chutes de cette monnaie plus que ses envolées spéculatives, témoignant d'une plus grande prudence à son égard.

Les plates-formes sont-elles risquées ?

Sur les 18 plates-formes qui ont fermé, 11 ont remboursé leurs clients et 5 ne l'ont pas fait, la plus célèbre d'entre elles étant MtGox. Sa faillite continue d'alimenter soupçons (chaîne de Ponzi, détournement, défaillance de l'infrastructure...) et controverses sur les 850.000 bitcoins qui ont disparu (2). Une place sur deux ferme ses portes au bout d'un an (381 jours). Elle a près d'une chance sur trois de subir un tel sort dans l'année qui suit son ouverture. Etre l'objet d'une attaque de hacker, un phénomène assez courant, n'augmente pas ce risque. Le durcissement de la réglementation n'a pas non plus d'impact. Une place doit multiplier par deux ses transactions quotidiennes pour diminuer de seulement 16 % son risque de fermer. Cela explique peut-être la course en avant de certaines plates-formes, prêtes à tout pour gagner des parts de marché. Comme cela est suspecté pour certaines Bourses de l'ombre (« dark pools ») avec leurs clients traders haute fréquence, les plates-formes de bitcoins accordent-elles des avantages (frais, priorités...), non publics, à leurs intervenants (fonds) les plus actifs, afin de les conserver et les attirer ? Effet pervers, plus une plate-forme est active, plus elle a de chances d'être aussi la cible de hackers.

Nessim Aït-Kacimi

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