Snapchat veut rassurer au plus vite après le piratage de milliers de photos
La start-up nie toute responsabilité et rejette la faute sur les applications tierces.
Par Nicolas Rauline
Le week-end a été long chez Snapchat. Montrée du doigt après le piratage de dizaines de milliers de photoséchangées sur son service, la start-up californienne a dû monter au créneau. Elle a notamment publié un communiqué dans lequel elle exclut toute responsabilité dans cet incident, vite dénommé « snappening » sur les réseaux sociaux. « Les serveurs de Snapchat n’ont pas été touchés, ils ne sont pas à l’origine de cette fuite, a ainsi expliqué un porte-parole. Les “snapchatteurs” victimes de cet incident l’ont été à cause de leur utilisation d’applications tierces, une pratique que nous interdisons formellement dans nos conditions d’utilisation, justement parce que cela remet en question la sécurité de nos utilisateurs. Nous surveillons de près l’App Store et Google Play pour repérer des applications tierces illégales et avons déjà réussi à en faire retirer plusieurs. »
Le succès de Snapchat, notamment parmi les jeunes (dans le monde, près de 100 millions de personnes utiliseraient l’application), a en effet attiré l’attention de nombreux développeurs. Certains ont, par exemple, mis au point des applications qui servent à sauvegarder les photos reçues sur Snapchat, censées s’effacer au bout de quelques secondes. Or le concept de Snapchat serait utilisé par beaucoup pour s’échanger des photos osées, dénudées ou de soirées arrosées…
Les pirates ont donc réussi à pénétrer la base de données de certaines de ses applications non officielles, comme Snapsaved (fermée depuis) ou Snapkeep. Sur plusieurs forums spécialisés, ils ont ensuite revendiqué leur action, donnant des précisions sur l’étendue des données en leur possession. Il serait ainsi possible de rechercher des images par le nom d’utilisateur, dans toute cette masse de photos volées. Un scandale encore plus important donc que celui des photos de célébrités piratées, qui a récemment touché des actrices comme Jennifer Lawrence… Dans un premier temps, les hackers ont parlé de 100.000 photos ainsi dérobées, puis de 200.000. Et, si certains ont émis l’hypothèse d’un canular, plusieurs internautes ont pu télécharger la base de données durant le week-end puis la rediffuser, alors que le site qui l’hébergeait à l’origine était fermé,
Stratégie sous pression
Ce n’est pas la première fois que la sécurité est montrée du doigt chez les utilisateurs de Snapchat. En fin d’année dernière, 4,6 millions de numéros de téléphone et d’identifiants du service avaient été dérobés et mis en ligne sur un forum. En mai, c’est même la FTC, l’autorité américaine de la concurrence, qui avait accusé Snapchat de tromper ses utilisateurs sur la sécurité de leurs données personnelles. La FTC mettait déjà en avant la simplicité avec laquelle il était possible de sauvegarder des photos censées disparaître…
Ces affaires pourraient mettre à mal les ambitions de la nouvelle étoile de la tech américaine, dont la valorisation atteindrait aujourd’hui les 10 milliards de dollarset qui avait refusé l’an dernier une offre de rachat de Facebook de 3 milliards. Il y a quelques jours, Snapchat, qui ne génère toujours aucun revenu, a annoncé le lancement prochain de son offre publicitaire.