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Trois idées reçues sur les dividendes des grandes entreprises

Les dividendes des groupes du CAC 40 ont augmenté alors que l'investissement a diminué. Le point sur trois idées reçues.

Par Marina Alcaraz

Publié le 29 août 2014 à 01:01

Les dividendes ont explosé

La progression des dividendes, dans un contexte morose, peut surprendre mais n'a rien d'exceptionnel. Les dividendes versés par les ténors de la cote cette année, au titre de l'exercice 2013, ont progressé de 5,6 %, selon les données de Ricol Lasteyrie, à 39,2 milliards d'euros. La masse des coupons reste ainsi inférieure au record de 2007 (41,3 milliards d'euros) (1). La hausse est notamment due au secteur financier, marquant un retour à la normale après des années de crise. Ainsi, Crédit Agricole SA a repris le versement de dividendes, Société Générale et AXA les ont augmentés. Les grands groupes essaient au maximum de préserver leurs dividendes, même en période difficile, pour fidéliser leurs actionnaires et éviter de donner un signal négatif au marché. Ainsi le taux de distribution (dividendes rapportés aux bénéfices) atteint 48 % en médiane pour le CAC 40 en 2013, contre 46 % en 2012. Il avait grimpé à 60 % en 2007.

Les dividendes nuisent à l'investissement

D'un côté, les dividendes versés ont augmenté cette année. De l'autre, les investissements des entreprises non financières du CAC 40 ont diminué de 4,7 % (2) au premier semestre après un recul de 5 % en 2013. On pourrait donc être tenté d'en conclure que le dividende nuit à l'investissement. BlackRock, le géant de la gestion d'actifs, a d'ailleurs rappelé à l'ordre au printemps les dirigeants américains et européens sur ce sujet. Mais les choses ne sont pas si simples. « Ca ne sert à rien d'investir pour investir dans certaines activités déprimées : il vaut mieux verser des dividendes qui seront ensuite alloués à d'autres entreprises dans des secteurs en croissance », rappelle Pascal Quiry, coauteur du « Vernimmen ». « Les entreprises font de l'investissement lorsqu'elles ont des projets de croissance rentables, pas simplement parce qu'elles ont des cash-flows abondants, ajoute Fabrice Théveneau, chez Société Générale. La décision d'investir dépend avant tout des perspectives futures. Or, elles ne sont pas trop optimistes pour l'heure en Europe. »

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Selon une étude de Goldman Sachs, environ trois quarts du cash des entreprises européennes est utilisé pour les investissements (y compris R&D et fusions-acquisitions) et un quart pour les actionnaires (dividendes et rachats d'actions). Par comparaison, dans les années 1990, presque 90 % des liquidités étaient dépensées pour la croissance future.

Le Cice est utilisé pour verser des dividendes

Les grandes entreprises auraient-elles utilisé le Cice (Crédit d'impôt compétitivité emploi) pour augmenter leurs dividendes ? Difficile à croire. En effet, les principaux bénéficiaires de ces aides sont les sociétés ayant surtout des salariés en France, et majoritairement des bas salaires. « Or, les groupes du CAC 40 sont internationaux [environ deux tiers de leurs effectifs à l'étranger, NDLR] et versent en général des salaires plus élevés que les PME », reprend Pascal Quiry. « Les petites entreprises et les entreprises non exportatrices sont plus amplement concernées par le Cice que les grandes », résumait une étude du Commissariat général à la stratégie et à la prospective d'octobre dernier. Certes, dans des secteurs comme la construction, la grande distribution, l'automobile, ou encore l'environnement et l'énergie, les analystes anticipent des effets positifs pour de grands groupes, mais les montants attendus de crédit d'impôt sont sans commune mesure avec le total des dividendes. « L'ordre de grandeur du Cice pour le CAC 40 doit se chiffrer en centaines de millions, pas en milliards d'euros », conclut Pascal Quiry.

M. A.

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