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Les initiés du real brésilien

Les frères Batista du groupe JBS sont soupçonnés d’avoir vendu la devise brésilienne avant la révélation du scandale de corruption qui fit chuter tous les marchés. 

Par Nessim Aït-Kacimi

Publié le 19 sept. 2017 à 14:55

Au cœurd’un vaste scandale de corruption, les deux frères Wesley et Joesley Batista, du groupe JBS, sont aussi soupçonnés de délit d’initié sur les changes , une rareté .

Le régulateur brésilien avait ouvert deux enquêtes à l’été sur de possibles délits d’initiés sur le real, mis en œuvre par Eldorado Brasil Celulose SA et par une filiale de JBS SA, Seara Alimentos Ltda. Ces opérations auraient été effectuées juste avant la révélation du scandale de corruption impliquant la présidence et nombreux politiciens. 

18 mai journée du chaos

Cette annonce avait provoqué le chaos sur les marchés financiers brésiliens. Le real avait plongé de 8,2% le 18 mai, sa plus forte baisse journalière depuis près de 20 ans. La veille des révélations, le groupe JBS, peu discret est encore intervenu massivement sur le marché au point d’être devenu le deuxième plus important intervenant, grâce à son pari spéculatif de deux milliards de dollars. Les deux frères auraient spéculé sur les contrats à terme sur la paire dollar- real en avril et mai. Au mois d’avril dernier et à Londres sur la principale place financière sur les changes, il se traitait en moyenne 18 milliards de dollars par jour sur la paire dollar-real. 

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D’autres complicités ? 

Les deux frères ont aussi vendu des actions de la société JBS, dont ils détenaient 42% des titres, avant la révélation du scandale, et empoché autour de 44 millions de dollars. Incarcérés, Wesley Batista, le dirigeant de JBS, et son frère Joesley, vont-ils faire des révélations sur d’autres banques, courtiers ou hommes politiques complices et qui auraient profité de ce tuyau ? 

Francisco Lopez et Soros

Depuis 2011, le régulateur brésilien a mené 43 enquêtes pour des affaires de délits d’initiés, et condamné 46 personnes ou sociétés. Il a augmenté le niveau minimal des amendes. Sur les changes , les opérations d’initiés sont peu fréquentes mais souvent retentissantes.

Ainsi, en 1999, le nouveau gouverneur de la banque centrale du Brésil, Francisco Lopez avertit à l’avance quelques banques qu’il s’apprêtait à dévaluer de 8% le real contre le dollar. Quelques jours après il vendit des dollars à ses mêmes banques et empocha de juteux bénéfices personnels, logés dans un compte secret non déclaré. Après seulement trois semaines, il sera démis de ses fonctions et remplacé par Arminio Fraga Neto, un économiste ayant travaillé pour Soros Fund Management, le hedge fund de George Soros, la bête noire des banques centrales. Cette nomination suscita la controverse, certains estimant que le fonds de Soros serait désormais en mesure d’avoir accès à une source d’information privilégiée à la tête de la banque du Brésil, et serait avantagé par rapport aux autres traders.

Nessim Aït-Kacimi

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