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Human Rights Watch dénonce l’usage de gaz poivré contre les migrants de Calais

L’ONG a publié ce mercredi un rapport de 50 pages. Elle dénonce les violences physiques des forces de l’ordre, des accusations démenties par la Préfecture.

Publié le 26 juil. 2017 à 10:54

« « C’est comme vivre en enfer » : Abus policiers à Calais contre les migrants, enfants et adultes ». Ce titre au nom évocateur est l’intitulé d’un ce mercredi par l’ONG Human Rights Watch. L’organisme s’est basé sur une soixantaine d’entretiens avec des migrants de Calais, réalisés entre juin et juillet 2017, complétée par les témoignages d’une vingtaine de « travailleurs sociaux ». Parmi les migrants, 31 d’entre eux se sont présentés comme étant des mineurs.

Human Rights Watch, qui dénonce partout dans le monde les atteintes au droits humains, affirme que les migrants toujours présents à Calais sont victimes de violences policières, particulièrement de la part des CRS. L’enquête comporte de nombreux témoignages que l’ONG estiment concordants : outres des violences physiques, les migrants, adultes comme enfants, sont aspergés de gaz poivré, parfois durant leur sommeil. Ce gaz est aussi régulièrement déversé sur les couverture, dans la nourriture et l’eau que leur amènent les associations. Leurs affaires sont confisquées de manière répétées par les forces de l’ordre. « Quand les policiers me trouvent, ils m’aspergent de gaz. Ils prennent ma couverture. Parfois ils prennent mes chaussures. Parfois ils prennent mes vêtements. […] J’essaie de ne jamais dormir au même endroit », témoigne dans le rapport Negasu M, un garçon qui affirme avoir 14 ans.

Ce n’est pas la première fois que les conditions de vie des migrants de Calais sont dénoncées. En juin dernier, le défenseur des droits Jacques Toubon s’était inquiété « des conditions de vie inhumaines » à Calais et fustigé la « sorte de traque » qui vise quotidiennement les migrants. L’association Auberge des migrants avait déjà dénoncé la contamination de l’eau au gaz le 10 juillet dernier.

Le travail sabordé des associations

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Les associations se plaignent tout au long du rapport de l’attitude des forces de l’ordre à l’égard de leur action. Un travailleur humanitaire, qui a souhaité rester anonyme, décrit ce phénomène : « Parfois je faisais passer des boîtes, et les CRS arrivaient en disant que ce n’était pas permis. Parfois nous faisions le tour pour continuer à distribuer la nourriture. Alors ils nous ont fait tomber la nourriture des mains. Parfois, des CRS prenaient directement de la nourriture de la table que nous avions installée pour distribuer ». D’autres décrivent des relations tendues proches de l’empoignades ou des confiscations de leurs téléphones portables lorsqu’ils filment des policiers en action.

Le rapport s’est également penché sur les différences de traitement des migrants entre différentes villes. Il stipule que les abus répertoriés à Calais n’ont pas court à Dunkerque, où près de 400 migrants vivent dans des camps de fortune. Selon Bénédicte Jeannerod, directrice de Human Rights Watch en France, cette différence de traitement est en partie dû à « la forte hostilité de la maire de Calais [ndlr : Natacha Bouchart, LR] envers les migrants ».

Peu de réactions dans la classe politique

Du côté des réactions, le Mouvement du 1 er juillet fondé par Benoît Hamon a appelé sur Twitter le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et Emmanuel Macron à réagir.

L’eurodéputée et ancienne candidate à la présidentielle Eva Joly a lancé le même appel.

Ni le président de la République, ni le ministre n'ont pour l'instant réagit.

Le préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry a répondu aux accusations dans un communiqué et « réfute catégoriquement les allégations calomnieuses sur l'action des forces de l'ordre à Calais » contenues dans le rapport de HRW et rappelle « la possibilité à toute personne estimant que ses droits sont mis en cause de saisir les autorités judiciaires compétentes ».

Le secrétaire national du syndicat UNSA-Police chargé des CRS, Davis Michaux, dénonce « un dossier à charge » et soutient que « les CRS n’ont plus de contact avec les migrants ». Il a reconnu ceci auprès de l’AFP  : « On les repousse de temps en temps lors des tentatives d’intrusion à l’aide de gaz lacrymo mais c’est de plus en plus rare ».

« Emmanuel Macron et Gérard Collomb doivent se rendre demain à Orléans pour prononcer un discours sur l’immigration. Nous espérons qu’ils prendront acte de notre rapport », explique aux Echos Bénédicte Jeannerod. Elle déplore les négations des autorités sur ce qu’il ce passe à Calais : « Nous ne sommes pas les premiers à dénoncer ces pratiques. Ce que nous disons dans ce rapport a déjà été dis par de nombreuses associations. Les autorités françaises doivent reconnaître les faits et agir ».

La « jungle de Calais » avait été évacuée en octobre 2016. Neuf mois plus tard, environ 400 personnes vivent toujours dehors. Human Rights Watch estime que les enfants non accompagnés pourraient représenter près de la moitié d’entre eux.

Camille Mordelet

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