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L’embellie économique facilite l’équation budgétaire du gouvernement

Les annonces positives sur l’activité se multiplient en pleine élaboration du projet de loi de finances pour 2018. Les économistes restent néanmoins prudents sur la solidité de la reprise.

Par Renaud Honoré, Guillaume de Calignon

Publié le 21 août 2017 à 18:26

C’est leur rayon de soleil estival à eux. Les experts de Bercy ont vu ces dernières semaines les bonnes nouvelles conjoncturelles s’enchaîner alors qu’ils tentent difficilement de boucler un projet de budget 2018 qui doit tout à la fois réduire le déficit et financer onze milliards d’euros de baisses d’impôts. La semaine dernière, on apprenait que le taux d’emploi en France était revenu à son niveau de 1980 . Plus tôt dans le mois, la zone euro donnait la confirmation de la vigueur de son cycle économique , avec une croissance de 0,6 % au deuxième trimestre.

Une situation à laquelle a contribué la France, avec un taux de 0,5 %. « Nous sommes dans une phase d’accélération de la croissance et de rattrapage des autres pays européens », assurait fin juillet Odile Renaud-Basso, la directrice générale du Trésor. Le phénomène est visible jusque dans les caisses de l’Etat : au premier semestre, les recettes fiscales nettes ont été supérieures de presque 6 milliards d’euros à celles enregistrées un an auparavant, selon le décompte fait par Bercy, avec notamment une hausse de 3,7 milliards pour les seules recettes tirées de la TVA.

Une conjoncture favorable, mais à quel point ?

Incontestablement, ces signaux indiquent que le gouvernement devrait bénéficier d’un coup de pouce conjoncturel pour boucler son périlleux exercice budgétaire. En 2017 – où il a promis le retour du déficit à 3 % du PIB – comme en 2018 qui doit voir cet indicateur réduit à 2,7 %. Pour autant, les marges de manoeuvre ne sont pas immenses. L’exécutif a ainsi déjà revu début juillet sa prévision de croissance à 1,6 % pour 2017 (+1,5 % prévu par le gouvernement Hollande). Pour 2018, il veut croire que « l’effet de souffle », selon l’expression du Premier ministre Edouard Philippe, provoqué par sa politique fiscale, tirera la croissance à +1,7 %. Pourtant les économistes restent pour le moment plus prudents, avec un consensus à +1,6 %.

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Les freins sur la croissance restent réels

Cette prudence traduit le débat qui perdure sur la vigueur de cette reprise. Dans le camp des optimistes, la banque Barclays table sur une croissance de 1,8  % cette année et 1,9 % l’année prochaine. Pour Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), « la France peut tout à fait atteindre une croissance de 1,7 % cette année et même la dépasser l’an prochain. Au cours des trois derniers trimestres, le rythme de croissance annuelle se situe entre 2 % et 2,5 % », souligne-t-il.

D’autres sont plus mesurés. « Certes, la France connaît une accélération conjoncturelle sensible », explique François Letondu, économiste à la Société Générale. « Mais les freins sur la croissance restent réels. Ainsi, le problème structurel de compétitivité continue à peser sur l’activité économique. La hausse de la demande intérieure se traduit donc d’abord par un surcroît d’importations. Ensuite, le retour du déficit public sous la barre des 3% du PIB aura nécessairement des effets négatifs sur l’activité à court terme. Enfin, l’appréciation récente de l’euro constitue aussi un frein à l’accélération », juge-t-il. Dans ce cas, le gouvernement n’est pas certain de retrouver une croissance plus élevée au cours du quinquennat, et donc un moment plus propice aux réformes et à l’assainissement des comptes publics, que l’an prochain.

Guillaume de Calignon et Renaud Honoré

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