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Election américaine : la folle semaine des candidats dans le New Hampshire

¤ Donald Trump et Bernie Sanders ont été battus dans l'Iowa. ¤ Ils doivent à tout prix remporter la primaire du New Hampshire ce mardi soir.

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Par Lucie Robequain

Publié le 9 févr. 2016 à 01:01

L'Etat du New Hampshire est un confetti à l'échelle des Etats-Unis. Coincé entre le Canada et le Massachusetts, il ne compte que 1 million d'habitants, ce qui en fait l'un des moins peuplés du pays. Depuis une semaine, les candidats à la Maison-Blanche n'ont pourtant d'yeux que pour lui. Ils visitent ses moindres villages, persuadés d'y jouer leur avenir présidentiel. Pourquoi tant d'efforts ? « Les statistiques sont sans appel : tous les présidents des Etats-Unis ont remporté la primaire du New Hampshire », explique Bill Gardner, un vieux monsieur qui supervise le processus électoral depuis une quarantaine d'années.

L'Amérique a beau être le temple de la télévision et des réseaux sociaux, la campagne présidentielle reste ainsi incroyablement locale à ce stade. Il faut se rendre à Bow - un village cerné par les lacs gelés - pour voir Chris Christie faire éclater de rire une maison de retraite en singeant les parrains de la mafia du New Jersey. Jeb Bush a poussé jusqu'à New London - une bourgade oubliée des opérateurs télécoms - pour débattre deux heures durant devant un auditoire de... 100 personnes. « Vous avez travaillé dur pour en arriver là, dites-vous. Ce n'est pas un peu indécent de dire ça, quand on est fils de président ? », l'apostrophe un jeune homme.

Le sénateur Ted Cruz, lui, a choisi un concessionnaire Toyota pour se plonger dans une prière collective avec ses sympathisants. Le Texan, qui a remporté une belle victoire lors de la première primaire de l'Iowa (28 % des voix) n'est pas forcément dans son élément : le New Hampshire représente l'Etat le moins religieux du pays. Il est aussi beaucoup moins conservateur que l'Iowa. Quand Ted Cruz annonce vouloir « supprimer le fisc, le ministère de l'Education nationale et toutes les régulations imposées par Barack Obama », il provoque donc un léger malaise dans la salle : « Ce n'est pas la régulation qui tue nos entreprises, c'est le fait qu'on subventionne les grands groupes plutôt que les PME », lui rétorque Steve Gallas, qui dirige une entreprise de nettoyage sur l'île de Martha's Vineyard.

Barrer la route

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Marco Rubio - le concurrent à abattre dans le camp républicain - se trouve à quelques kilomètres de là. Il a sauté du lit pour rencontrer les habitants de Portsmouth - une bourgade célèbre pour ses homards. Il parle de football américain pour réveiller la salle, puis promet tout ce que la base républicaine veut entendre : un réchauffement des relations avec Israël, le renforcement de l'armée et l'abrogation de la Sécurité sociale pour tous. A quarante-quatre ans, il est encore plus jeune que Barack Obama en 2008. Son excellent score dans l'Iowa (23 % juste derrière Donald Trump) en fait le candidat modéré le mieux placé pour remporter l'investiture. « Je suis le seul à pouvoir unir le mouvement conservateur. Hillary Clinton ne veut surtout pas m'affronter. Ne faites pas d'erreur quand vous voterez mardi », exhorte-t-il avant de céder à une demi-heure de selfies avec les grands-mères et les petits enfants.

Mais aucun candidat ne déchaîne autant les foules que Bernie Sanders. A soixante-quatorze ans, le « socialiste » réussit l'exploit d'incarner l'avenir aux yeux de nombreux électeurs, et notamment des jeunes. Etudiants et jeunes parents sont donc venus en masse, jeudi soir dernier, pour écouter Bernie Sanders leur promettre la « révolution ». Ses mesures n'auraient rien de révolutionnaire en France, car elles sont déjà toutes acquises : accès gratuit à l'université, généralisation du congé maternité, contrôle du prix des médicaments. Mais, dans l e New Hampshire, elles suscitent des cris de liesse. Si les sondages disent vrai, Bernie Sanders a toutes les chances d'écraser Hillary Clinton mardi soir : il l'a devance d'au moins 15 points dans toutes les enquêtes d'opinion. Le sénateur du Vermont, qui a perdu d'un cheveu dans l'Iowa, a cruellement besoin de cette victoire : c'est pour lui la seule chance de barrer la route de Hillary Clinton. Les prochaines primaires lui seront moins favorables, car elles se tiendront dans des Etats plus cosmopolites et urbains - là où Hillary Clinton réussit le mieux.

Pour l'heure, l'ancienne secrétaire d'Etat a bien du mal à galvaniser les foules. Son meeting dans un collège de Manchester, mercredi soir, paraît trop rodé. « C'est la grosse machine électorale, l'inverse de ce que l'on attend ici », commente Mike Chu, un démocrate qui penche pour Bernie Sanders. C'est finalement Gabrielle Giffords qui vole la vedette à la candidate : ancienne députée, elle a été victime d'une tuerie à Tucson (Arizona) il y a cinq ans. Elle a perdu l'usage d'un bras et peut à peine parler. Mais les quelques mots qu'elle prononce contre le lobby des armes sont un véritable tire-larmes. Plus qu'Hillary Clinton, c'est Donald Trump qui a cruellement besoin d'une victoire mardi soir. Il a surpris tout le monde en ratant la primaire de l'Iowa. Les sondages le créditent d'une très large avance dans le New Hampshire (+10 à 20 points selon les études). Mais l'Iowa a montré que les sondages pouvaient mentir. Pour le milliardaire, il y a donc urgence à prouver que sa popularité n'est pas un pur fantasme médiatique.

L. R.

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