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Le piratage de Sony Pictures tourne à la crise internationale

•Barack Obama promet une « réponse proportionnée » à la cyberattaque imputée par le FBI à la Corée du Nord.•Plusieurs voix américaines parlent d'« acte de guerre »; la Maison-Blanche souhaite une coopération internationale.

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Par Grégoire Poussielgue, Karl De Meyer

Publié le 22 déc. 2014 à 01:01

Attribué à la Corée du Nord, le piratage de Sony Pictures est en passe de se transformer en une crise internationale majeure. Vendredi dernier, le FBI a indiqué détenir les preuves démontrant l'implication du régime nord-coréen dans le piratage de la major américaine, qui l'a conduit à annuler la sortie aux Etats-Unis du film « The Interview » (« L'Interview qui tue »), mettant en scène un projet d'assassinat du dictateur nord-coréen par deux journalistes manipulés par la CIA. Selon les analyses techniques menées par le FBI, le virus utilisé a de fortes similitudes avec un autre logiciel malveillant lancé en 2013 contre des banques et des médias sud-coréens, depuis la Corée du Nord. L'attaque informatique a permis de rendre publics des milliers d'e-mails des employés de Sony Pictures, dont certains étaient très embarrassants, ainsi que des contenus inédits, comme le film « Annie ».

Quelques heures plus tard, Barack Obama a déclaré, au cours d'une conférence de presse, que les Etats-Unis réagiraient à ce qu'ils considèrent comme étant, non pas un acte de guerre mais, un acte de cybervandalisme. « Nous le prenons très au sérieux et nous y répondrons de manière proportionnée », a ajouté, hier, le président américain sur CNN. Pour lui, Sony Pictures n'aurait pas dû céder au chantage de la Corée du Nord et annuler la sortie du film, ce dont se défend la major. « Je pense qu'ils ont commis une erreur, a déclaré Barack Obama. Nous ne pouvons vivre dans une société dans laquelle un dictateur quelque part peut commencer à imposer une censure, ici, aux Etats-Unis. »

Pyongyang nie, en vain

Aux Etats-Unis, l'annulation de la sortie du film ne passe pas et les commentaires acerbes se sont multipliés tout au long du week-end. « Nous sommes entrés dans l'ère de la cyberguerre et nous avons perdu une bataille », a réagi l'ancien parlementaire Newt Gingrich, pour qui les sociétés ne peuvent rien contre les Etats souverains. Même son de cloche chez le sénateur John McCain, ancien candidat à la présidentielle, qui a estimé que cette attaque était « une nouvelle façon de faire la guerre ». La Corée du Nord a eu beau nier son implication et promettre des mesure de rétorsion si elle était attaquée, son offre d'une commission d'enquête conjointe a été rejetée par les Etats-Unis, pour qui le coupable est tout désigné.

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Barack Obama a évoqué hier soir sur CNN la possibilité de la replacer sur la liste des Etats soutenant le terrorisme, d'où elle était sortie en 2008. Par ailleurs, selon l'agence Reuters, les Etats-Unis réfléchissent à la mise en place d'une action concertée entre plusieurs Etats, dont la Chine, le Japon, la Russie ou encore la Grande-Bretagne, pour organiser une riposte internationale contre le pays stalinien devenu, après le revirement américain sur Cuba, le dernier avatar de la guerre froide.

Une facture de 500 millions

Pour Sony, la facture s'alourdit de jour en jour. Le coût du piratage sera « très, très important », a déclaré Michael Lynton, le directeur général de Sony Pictures, tout en se refusant à fournir la moindre estimation chiffrée. Selon des experts interrogés par l'AFP, il pourrait atteindre 500 millions de dollars : des coûts de production et de distribution du film « The Interview », évalués à 75 millions de dollars, à ceux liés à d'autres films diffusés sur Internet avant leur sortie suite au piratage, mais aussi les coûts de remise à jour de son système informatique, les frais juridiques liés à la procédure en nom collectif suite à la divulgation de plusieurs milliers d'e-mails... sans oublier l'image du groupe, durablement détériorée. Le groupe japonais, dont la présence à Hollywood date de la fin des années 1980 avec le rachat de Columbia Pictures, a attribué l'annulation de la sortie du film aux exploitants et a indiqué vouloir le diffuser via d'autres biais. Mais le mal est fait : Sony Pictures a montré sa vulnérabilité, Hollywood s'est fait humilier et les Etats-Unis ont renoué avec un ton belliqueux après l'attaque d'un fleuron de leur « soft power ».

Bureau de New York Grégoire Poussielgue Avec Karl De Meyer

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